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symphony of the dream

symphony of the dream

Parce que les rêves nous permettent de nous envoler, nous emmener dans nos souvenirs d'enfants, ou nous emmener au gré de nos émotions, on peut nous y rejoindre mais jamais nous les enlever!!


La Plume qui panse -2

Publié par sweet sur 27 Octobre 2012, 18:19pm

Catégories : #La Plume qui panse, #-只有我-, #只有我

La Plume qui panse -2

2.Pendant des semaines elle s'était torturée à réfléchir, se remémorer les bons moments, essayé de se raisonner. A trop réfléchir, ses pensées finissaient par déserter sa mémoire, comme si elles en avaient assez de souffrir elles aussi.

Elle ne pensait qu'à ses filles. Elle allait être responsable de leurs briser leur rêve. Le rêve de la famille soudée, unie. Elle allait les projeter dans une vie difficile. La culpabilité longtemps semée tout au long de son enfance prenait une place énorme dans son malaise. Elle entendait les discours de sa mère, ses tantes, tenir des propos culpabilisants et moralisateurs. Il allait falloir affronter tout ca, tous ces jugements qui ne manqueraient pas de tomber. Elle prenait le risque que ses enfants ne la comprennent pas. Mais elle ne pouvait plus. Elle était sur le point d'imploser si elle ne disait pas ce qu'elle vivait. Mariée depuis plus de dix ans, elle se sentait la responsabilité d'une mère célibataire. Un père toujours absent, peu disponible, peu à l'écoute. Elle ne le supportait plus. Elle se reprochait d'avoir fait comme si, des années durant. Elle se reprochait de ne pas lui avoir dit avant car aujourd'hui elle n'en pouvait plus, elle avait pourtant essayé, mais sans lui dire...il excellait dans l'excuse noble pour justifier de ne pas être plus présent dans le partage des tâches.

Ils essayèrent de se croiser, de se prêter la maison les week-end , à tour de rôle avec les enfants. Mais la rage de son époux contre elle était si virulente que tout s'effritait, tout se désagrégeait, même le peu de beau qu'il restait de leur histoire. Il refusait d'entendre ses raisons, de se remettre en question. Il aurait suffit qu'il reconnaisse leurs responsabilités respectives. Mais il ne pouvait pas, il était heureux, lui. Il faisait tout pour sa famille. Si ça n'allait pas, c'est forcément qu'elle le trompait, le reste n'existait pas. Il devait prouver qu'elle était adultère, absolument, peut-être pour y croire encore plus ,lui aussi. Il l'accusait de partir pour un autre. Si il avait su, qu'elle avait eu des sentiments auxquels elle avait renoncé pour faire marcher son mariage elle était resté alors qu'elle se sentait délaissée et amoureuse d'un autre. Elle avait renoncé, choisit entre un amour et l'indifférence dans laquelle elle était retournée. Lui aussi lui mentait, mais ça n'existait pas. 

Aujourd'hui, ils n'échangeaient plus que des paroles banales, évitaient de se retrouver seuls et invitaient plein d'amis, mais ils n’étaient en fait que deux survivants d'un proche naufrage. Qui dit survivant dit instinct. Ils s'étaient aimés si fort qu'ils allaient se détester bien au delà.

Alors elle décida de partir, de leur donner la seule chance qu'il restait  à ce stade, la distance. Ses sentiments allaient il renaître? Allait il  lui manquer?

Avoir survécu à une décennie de soucis, de maladie, de pertes affectives, de nuits blanches enfantines, au stress des travaux de rénovation, du travail irrégulier, et se retrouver à la case départ...que c'était dur de tourner la page.

Elle se rappelait leur rencontre, leur amour, leurs rêves et tout ça lui semblait loin, et tout ça faisait si mal. Elle aurait voulu le retrouver comme à cette époque, mais la vie les avait changé tous les deux, leurs chemins s'étaient séparés. Ironiquement c'est quand tout fout l'camp que la nostalgie revient. Elle fait douter, hésiter. Elle l'aimait encore, un peu, assez pour rester pour ses enfants,  presque prête à revenir, enfin elle le croyait parfois  mais il ne voulait pas attendre , pas la laisser aller à son rythme...il l'a suivie, espionnée, menti salie; il l'a dégoutée à jamais de l'aimer encore. Elle, furieuse, le provoquait parfois, voulant lui montrer qu'elle était libre, qu'elle n'était pas sa chose.

 

Il s'est installé dans le rôle de l'innocente victime ne trouvant de répit que dans l'espoir de prouver qu'elle était seule responsable. Tous les coups furent permis. Tous. Sa haine les emporta très loin et très longtemps, dix longues années.

Elle prit un job de veilleuse de nuit;  travailler la nuit lui permettait d'être disponible pour s'occuper de ses mômes de trois et huit ans. Quand elle est partie, tout son univers s'est écroulé, son père malade depuis de nombreuses années vivait une longue agonie. Pour ça non plus , il n'avait pas pu être là pour elle , ni comprendre sa douleur.

Ce premier jour de février, il faisait étrangement beau quand elle a emménagé dans son minuscule trois pièces, sans lit pour elle, juste une chambre pour ses enfants, un sofa prêté, une table, des cartons et un peu de vaisselle qu'elle avait acheté au centre social du coin. Elle croyait que si elle laissait tout il lui ficherait la paix...elle a mal crû.

Puis vint la première nuit dans cet immeuble un peu glauque, la peur de se retrouver seule et de devoir assumer, la peur au ventre de ne plus rien maîtriser, la douleur de voir son père la quitter. Tout s'écroulait. Elle avait dès à présent la responsabilité de réussir, d'être forte pour trois. De ne pas oser craquer. Elle était soulagée d'être partie, mieux seule et loin de lui, mais remplie de doutes sur la façon de mener son petit monde le mieux possible avec le moins de dégâts possibles.
 

E.R-laplume qui panse102012
 

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