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symphony of the dream

symphony of the dream

Parce que les rêves nous permettent de nous envoler, nous emmener dans nos souvenirs d'enfants, ou nous emmener au gré de nos émotions, on peut nous y rejoindre mais jamais nous les enlever!!


Le dur labeur d'Améline

Publié par sweet sur 24 Janvier 2016, 12:33pm

Catégories : #只有我, #au jour le jour, #La Plume qui panse

photo/e.r ©

photo/e.r ©

Toute petite déjà, Améline détestait la monotonie. Pleine d'audace et originale, confirmant l'ascendance de son prénom, elle foncait et croquait la vie.

Que de rêves elle avait Améline, elle rêvait d'un monde plus beau, plus pur. De grands espaces et de liberté. De voyages aux causes nobles, de paix et d'amour, douce naïveté réservée à la jeunesse. Pleine d'énergie, jamais fatiguée, elle a vite compris qu'il fallait travailler dur pour s'en sortir. Mais ca ne lui faisait pas peur, elle était forte, solide.

Travailler, et s'amuser. Vivre l'instant présent, sans prise de tête, rire à gorge déployée, à refaire le monde devant un verre, à changer de plan à la dernière minute si un programme alléchant apparaissait. Ce sentiment magnifique de l'insouciance de la jeunesse, elle en usait et en abusait. Pourquoi se priver? Elle avait le monde à ses pieds.

Et puis Améline s'est fait sa place dans le monde adulte, elle est devenue mère, ce sentiment euphorisant de la maternité. Ce délice de sentir la vie en soi, cette sensation d'entendre le cri de cet enfant que l'on aime avant de le connaître. Quelle douce plénitude ce bébé à choyer. 

Vint le premier bobo, la première fièvre et on se découvre inquiet. Le premier voyage et toute cette liste d'affaires à ne pas oublier, de fourbi à prévoir. Découvrir à ce stade que l'insouciance est un sentiment oublié, difficile à retrouver. Mais la joie de la maternité remplace cet émoi perdu...

Sa vie était belle, elle la pensait standard; un job, un mari, une maison, un enfant, des vacances régulières, des amis, des sorties, pas de soucis de fin de mois, ou quasi imperceptibles.

Améline pensait maîtriser les choses, son seul combat du moment, la routine. Elle détestait les ornières  crées par l'habitude et ce qu'elles amènent avec elle. Elle s'amusait à inventer des situations qui barrent la route à ce logeur  indésirable. Cela a marché un moment et puis, un nuage.

Améline positive et battante a retroussé les manches. Un mauvais passage pensait-elle. Petit bout d'femme qui donne toujours le meilleur d'elle à ceux qu'elle chérit. Elle aime sans compter, sans mesure. 

Elle aime Améline, et on l'aime… à tel point qu'un jour, la Guigne jalouse du Bonheur installé, décida de frapper à la porte de la jeune femme. Elle était si triste la Guigne, si inquiète qu'Améline l'a laissé entrer pour tenter de l'aider. La Guigne n'a ensuite plus eu envie de la laisser, elle revenait régulièrement la voir. Améline compatissante et disponible mit cependant des barrières à cette convive un peu envahissante. La Guigne lui endommageait à chaque visite, sournoisement, un peu de son armure, rendant au fil du temps cette "guerrière" vulnérable. Un jour, changeant de méthode, elle lui offrit un bouquet de Grande Sensibilité qui demanda beaucoup de soins et d'attention.

Améline avec le temps, devint fatigué et décida de se mettre à l'écart pour se ressourcer. Elle accédait à ce fameux Lâcher Prise tant convoité.

Sans blesser la Guigne mais avec autorité, elle lui expliqua qu'elle devait la laisser respirer , aller rendre visite à d'autres amis le temps qu'elle récupère. Mais la Guigne revenait chaque mois. Elle s'est mise à réfléchir, à comment se débarrasser de cette amie toxique. Elle dû trouver tant de subterfuges pour éviter la cigüe de la Guigne, qu'elle en perdit son insouciance en totalité. C'est ainsi qu' elle fit la connaissance de potes aux prénoms tristes, tels qu'Anxiété, Déception, Stress, Fatigue. Fidèles, ils ne la laissait pas tomber. Elle ressentait lourdement chacune de leur présence; ils se relayaient autour d'elle.

Elle ne trouvait plus l'interrupteur de son cerveau. Elle ne voyait plus le monde extérieur et le sien était gelé et froid. Ameline alla voir toute sortes de personnes spécialistes dans l'art de  recevoir. Des pros compétents face à Anxieté, Stress, Soucis, etc et qui savent les loger dans des chambres indépendantes. Bref elle eut mille conseils pour combattre les raz de marée des pensées négatives. Elle reprit à chaque fois sa bonne humeur, sa soif de vivre, sa positive attitude. On lui avait parlé de la Roue qui Tourne, de Dame Ca-va-aller, elle y croyait dur comme fer. Améline pensait que si on voulait on pouvait, elle fit de cette phrase sa philosophie et de " Le travail fut sa vie le repos son envie", son épitaphe. Patiente, elle scrutait la girouette annonciatrice de vents favorables. Touchant presque le point d'équilibre, elle croisait alors la Mouscaille de loin. Subtilement, elle réussissait à la tenir à distance, réduisant ainsi sa toxicité.

Son enfant devenu grand, elle se remit à sortir, à vivre l'instant présent. Elle replongeait dans ses sensations de jeunesse, enivrantes. Elle était bien Améline, convaincue de sa philosophie de vie, fière de ses batailles. Elle pu recommencer à croire au Bonheur, elle en goûta quelques gorgées. Mais La Poisse, non loin, était jalouse et se sentait seule sans sa marionnette. Alors elle revint frapper à sa porte. Connaissant bien son amusette, la Guigne lui apporta un autre cadeau. Un joli bouquet de Soucis. Dubitative, elle remercia pour ces jolies fleurs jaunes, pensant que ce cadeau était un présage de renouveau. Son nom latin " Qui suit le soleil" ne pouvant être qu'un signe de mieux, n'ayant, pour besoin de jardinier, que le vent. Ce vent tant scruté sur la Girouette, qui indique alors le chemin de la Roue qui Tourne. C'est ainsi qu'Améline imaginait son nouveau combat.

Elle prit les armes, se comportant avec dignité sur le champ de bataille. Mais, après la victoire, il fallait nettoyer, faire repousser pour vivre sur une  terre ayant souffert du combat. Améline n'avait plus  vingt ans, elle était usée par toutes ces luttes menées par cette disciple de la Malédiction. Le travail de restauration était épuisant. Elle trouva de l'aide dans les agences Doutes'job, J'te-comprend-plus'job, Philojob. Chez Serre-les-dents, on lui propopsa des solutions qui n'en sont pas avec des commis inadaptés au terrain. Elle postula chez Ca-va-aller, y avait pas de personnel disponible. Elle frappa à la porte de Y-a-pas-d'problèmes, mais la personne chargé du placement parlait chinois. Ils ne se comprirent pas. Quelques amis l'aidèrent, comme ils purent, tristes de ne pouvoir faire plus.

Améline continuait chaque jour sa besogne, et chaque soir, fatiguée, elle ne pouvait s'empêcher de penser à cette époque, où tout n'était qu'insouciance, évasion, chimère. Ses rêves n'étaient plus que la réalité de ses nuits où elle se réfugiait pour trouver une nouvelle énergie.

Elle se sentait seule, notre laborieuse, sur ce champ de bataille à reconstruire. Elle fatiguait certains quand elle osait confier ses doutes, ses peurs, sa fatigue. Quand elle regardait par sa fenêtre, elle voyait tous ces champs en reconstruction, quand ils n'étaient pas en friche. Le monde extérieur était en hiver, les couleurs étaient rares. Tant de gens courbaient le dos sous le poids de la tâche. Tous comprenaient Améline, mais ne pouvaient  être le magicien d'une situation kafkaïenne.

Notre belliqueuse cherchait dans ses pensées comment démotiver la Guigne à chercher sa compagnie. Elle pensait, cherchait comment se débarrasser de cette engluante compagne. Car s'il fallait continuer de vivre avec, La Scoumoune allait finir par engloutir la totalité de son univers et avec, son être tout entier.

Améline ne pouvait s'empêcher de laisser couler des larmes en faisant l'état des lieux de son monde marécageux. Tout était devenu instable autour d'elle, même la maison était enfouie sous le froid. Elle gardait son âme au chaud par des inhalations de souffles chaleureux qu'elle captait ici et là, où elle pouvait. Parfois, M. Hasard frappait à sa porte, apportant quelques éléments de combustible enflammé et enthousiaste, d'autres fois c'était " Real Friendship" qui livrait des moments d'allégresse et de légèreté..

Elle survivait avec ces morceaux de grâce, attendant les jours meilleurs, priant pour qu' "Après la Pluie le Beau Temps", et  la "Roue finit toujours par tourner" ne soient pas que des phrases vides, qu'elle puisse ainsi tenir le choc les jours où le Doute frapperait à la porte avec Mister Flip.

 

ER/janvier2016 ©

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A
Bonjour Sweet,<br /> Je viens de te lire avec beaucoup d'attention et d'émotion je dois le dire, tant le récit correspond quasiment point par point à ce qu'a vécu et vit en ce moment une personne qui m'est très proche. Tout y est, rien n'y manque, les étapes les une après les autres, et cette Dame Grise toujours en toile de fond et qui refait surface à la moindre occasion.<br /> Il faut vivre cela pour bien le comprendre, et surtout savoir que les exhortations du style "Fais un effort, Si on veut on peut !" ne servent à rien, sinon à éloigner des autres celui ou celle qui souffre.<br /> Merci pour ce texte si profondément humain.<br /> Amicales bises<br /> Alain
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S
Cher Alain, merci pour tes mots eux aussi si bien choisis comme toujours pour exprimer ton ressenti. Le but de ce texte était qu'il parle pour ceux qui en effet peuvent se retrouver dans ce narratif. Oui les mots comme tu le dis sont parfois vains voire ennemis du bien supposé procurer. Je Souhaite à ce proche dont tu parles une fin heureuse et digne.. Car hélas parfois elles ne le sont pas. Pensées empreintes d'humilite. Quel plaisir de te relire. Merci de ta visite et de ton mot
S
Je refais mon message qui a été coupé ..<br /> Déjà bonjour et merci de ton commentaire filipperine. Tu as raison dans certaines guignes il suffit parfois de montrer les dents pour changer les choses.<br /> Dans mon texte, la Guiigne est volontairement appelée ainsi pour dédramatiser ce qu'elle représente.<br /> Je parle au début de la vie d'une personne standard qui cumule des coups de la vie, appelons les standards puis au fil du temps ceux qu'elle rencontrent deviennent plus sérieux mais elle réussit toujours à dépasser tout ça..et puis au travers du bouquet de soucis,la Guigne prend un autre visage , c'est plus de la guigne à ce stade là. Ça parle alors avec légèreté de ces gens qui voient leur avenir basculer suite à des soucis de santé, ou crise économique, licenciements , tout ce qui mène à la perte d'un travail, le dur parcours du combattant pour tenter de survivre décemment.d'obtenir des aides etc...je voulais mettre en évidence que trop de gens croient que...bah y a des aides, etc.. En fait c'est très différent de ce qu'on imagine...<br /> <br /> Merci pour ce commentaire et ta visite. Bisous
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F
il faut qu'elle s'affirme et sache dire non à la guigne
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